🔊 À tous les acteurs du secteur de l’imagerie médicale, de la radiothérapie, de la Médecine Nucléaire, de l’électrophysiologie : découvrez notre lettre adressée au Ministre de la Santé. Un document qui révèle les véritables enjeux de la profession de manipulateur d'électroradiologie médicale et propose des pistes concrètes pour une meilleure reconnaissance et évolution de notre métier.
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Objet : Manipulateurs d’électroradiologie médicale : démographie, formation, attractivité
Monsieur le Ministre,
Nous vous remercions de montrer votre intérêt et volonté de soutien à la profession de Manipulateurs en soulignant lors de la commission des affaires sociales du Sénat qui s’est tenue le jeudi 26 Octobre 2023 : « nous savons tous que le manipulateur en électroradiologie, à l'hôpital, a une fonction clé, même si personne n'en parle jamais », en revanche, nous attirons votre vigilance et tenons à vous alerter sur le fait que les chiffres que vous citez concernant le taux de réussite à l’issue des trois années d’études sont erronés.
En effet, la cinquantaine de centres de formation (instituts et lycées) fait un effort remarquable pour accueillir chaque année des effectifs plus grands, ils ont alerté leurs services tutélaires pour sensibiliser au déficit démographique, ont intégré rapidement les dispositifs centralisés de sélection, APB puis parcoursup, ils travaillent collectivement les procédures d’accompagnement des étudiants pour limiter les nombres d’abandons en cours de formation et soutenir le taux de réussite. Le plus souvent toutes ces mesures conduites sans moyens supplémentaires, la filière n’étant, malgré les demandes et arguments chiffrés, jamais inscrite dans les programmes d’aides, nous ne citerons pour exemple que la plan d’aide État-Région au renforcement des effectifs étudiants dans les formations soignantes où seul était relevé le problème infirmier.
La situation démographique est catastrophique, nous avons fait des signalements très en amont, montrant les insuffisances du fichier ADELI à la compréhension du phénomène. Aujourd’hui, ce déficit impacte de façon majeure l’offre de soin et les conditions de travail dans les établissements de santé, notre appareil de formation n’en est pas la cause, présentant un taux de réussite à trois ans similaire voir un peu meilleur à celui des infirmiers, il peut en être une solution.
Mais nous nous permettons de rappeler qu’à cette situation qui perdure et s’aggrave depuis de nombreuses années, des causes ont été identifiées. Ainsi en 2020, M. Véran avait missionné l’IGAS pour étudier la démographie de notre profession et son évolution, l’attractivité et les organisations des services. Le rapport publié en Mars 2021 a recensé 26 recommandations pour accroître la reconnaissance, l’attractivité et la fidélisation des manipulateurs.
Malheureusement, les recommandations n’ont pour la plupart pas été suivies d’effets, nous espérons pouvoir dire « pas encore suivies d’effets ».
En qualité de Conseil National Professionnel des Manipulateurs d’Electroradiologie Médicale (CNPMEM), nous nous permettons de prioriser les recommandations à mettre en œuvre et vous apporter quelques pistes qui pourraient améliorer l’attractivité de notre profession et les conditions de travail des professionnels d’imagerie médicale et de radiothérapie.
Tout d’abord, nous devons absolument fiabiliser les données démographiques des MEM1 et les mettre en regard des besoins et des capacités de formation dans le cadre d’un pilotage régional (recommandations 2, 7, 8 et 9). Cela devra passer par une augmentation des autorisations capacitaires des centres de formation, ce qui sous-tend un engagement de l’État aux Conseils régionaux notamment souvent réticents aux financements d’augmentations des effectifs.
Par ailleurs, la profession de manipulateur étant une profession de soignants, il faut désormais que les manipulateurs du service public bénéficient, à l’instar de leur collègues infirmiers de la prime Veil, comme le stipule la recommandation n°13. Il faut également que tous les étudiants se voient allouer leurs indemnités de stages y compris les DTS2 comme indiqué à la recommandations n°4 et selon l’engagement de la DGSIP3. Notre profession est peu ou mal connue, cette reconnaissance doit être initiée par l’institution elle-même, qui par les écarts de considération actuels, donne des signes péjoratifs qui rendent complexe le recrutement et la fidélisation des jeunes qui aspirent tous à reconnaissance, équité de traitement, qualité de vie.
Par ailleurs, pour donner une trajectoire visible et accessible aux professionnels, nous avons engagée avec les sociétés savantes et associations médicales des disciplines concernées, un travail d’identification de parcours de formations complémentaires indispensables qui visent à remplir deux objectifs : répondre aux besoins en soins des populations en Imagerie, Radiothérapie et Médecine nucléaire et structurer des professions intermédiaires dans le soin pour nos disciplines en grande évolution, ne pouvant se satisfaire d’un niveau unique de prise en charge professionnelle.
Ainsi se dessinent des perspectives de pratiques avancées ou de spécialisation des MEM (recommandation N°22). Nous souhaiterions pouvoir vous présenter très prochainement les amorces coconstruites avec les professionnels médicaux et mesurer avec vos services les angles de développement.
Par ailleurs, il serait vraiment souhaitable que le métier de dosimétriste, clairement identifié comme une spécialisation du métier de manipulateur pour les secteurs de radiothérapie, par des groupes de travail il y a près d’une dizaine d’années et inscrit au décret, soit enfin reconnu au travers d’une fiche métier et d’une grille indiciaire associée (recommandation n°21).
Porteurs de projets enthousiasmants et de nature à enclencher une spirale positive pour l’éco-système, nous nous tenons à votre disposition pour en échanger et envisager ensemble les pistes prioritaires et calendriers potentiels.
Confiants dans votre volonté d’avancée conjointe, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.
Séverine MOYNAT
Présidente du CNPMEM
1 MEM : Manipulateur d’ElectroRadiologie Médicale
2 DTS : Diplôme de Technicien Supérieur
3 DGESIP : Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle
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